De trop vivre
D'abord
il y a eu moi, ma soeur, mon petit frère. Une jeunesse
heureuse, banale. La réussite à l'école, sans
jamais travailler, des devoirs toujours rédigés en
vitesse. Des vacances en bord de mer, chaque été. La
peur pourtant. Des autres. De l'eau. Des angoisses insensées.
Le dessin, la peinture, la mer et les ciels gris. Des parties de
pêche en mer avec mon grand-père. Des soirs d'été. De beaux voyages en
famille, loin, très loin. Le Canada souvent, les grands
froids. Le Sri Lanka, le temple de la dent de Boudda à Kandy.
Et puis, il y a eu la timidité. Vingt années à
ne rien dire. Ne jamais poser de questions. Des rivages. Le bac sans surprise. La
fac et le premier garçon. La honte. Des tempêtes. Les rochers. Massiv Attack. Partir. La
ville universitaire. Les clubs, l'alcool. La réussite. Daft Punk et Madonna. Le
travail, très tôt. L'écriture. Ma voie. L'humilité. L'amour,
une première fois. Des voyages encore. Le Danemark longtemps,
trop ? Le coming-out. Brutal. Les réalités des choses. Être fort. Israël, Gaza, un attentat. Des peurs encore. La Turquie entre
amis. L'Europe souvent. Barcelone et ses fiestas. S'envoler. Le
garçon, l'amour, quatre années. Les caresses. Un feu sacré. Des mots d'infini. Moi, lui, nous. Un déménagement,
dans le sud. La rupture, les coups. L'hôpital. L'enfer.
La fragilité. Des pleurs. Renaître. Paris. Des expériences interdites. Croire. La
réussite... de nouveau. Beaucoup de garçons. Brûler
les choses. Le Brésil. La solitude. L'alcool, la drogue. Du froid. Des souvenirs.
De
trop vivre, je vais mourir.